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Le monoréacteur ventral Focke Wulf P II [1] Le Focke Wulf P II est méconnu des passionnés de la Seconde Guerre mondiale, même parmi le cercle restreint des spécialistes. C'est un des projets de base élaborés par la firme Focke Wulf dans le cadre du programme Volksjäger, destiné à développer rapidement et massivement un chasseur à réaction bon marché et facile à piloter, susceptible de redonner au Reich la suprématie aérienne dans le ciel de l'Allemagne. Le projet P II fut officiellement soumis au Reichsluftfahrtministerium (RLM) le 9 juin 1943, mais il fut jugé trop dangereux et écarté. L'avion ne fut donc jamais construit et ses plans sombrèrent dans l'oubli après l'écroulement du IIIe Reich. Le concept choisi par Focke Wulf est très surprenant. Le bord d'attaque des ailes présente une certaine incidence mais la voilure reste malgré tout relativement classique, avec ses ailes droites. Ce qui frappe dès le premier regard, c'est la localisation inhabituelle du réacteur, placé en berceau sous le ventre de l'appareil et quasiment indépendant de la cellule du fuselage. Ce choix a été motivé par deux raisons majeures : d'une part la volonté de faciliter la manutention et l'entretien au sol, d'autre part la crainte de rencontrer des problèmes opérationnels avec un réacteur dorsal, disposition qui l'exposait beaucoup plus aux coups des chasseurs ennemis. Ce souci était manifestement partagé par d'autres constructeurs car des concepts similaires furent proposés à la même époque par les firmes concurrentes Messerschmitt (avec son Me P-1095) et Blohm & Voss (avec le BV-P-198). Finalement, ce fut la firme Heinkel qui décrocha le contrat du Volksjäger avec son Heinkel He 162 Salamander, un appareil à l'opposé du Fw P II puisqu'il comportait justement... un réacteur dorsal ! Dans la version de base du projet, le FW PII était équipé d'un turboréacteur Jumo 109-004B fournissant 890 Kgp de poussée, qui permettait d'atteindre une vitesse de 825 km/h à 4000 m d'altitude. Focke Wulf songea ensuite à le doter d'un réacteur plus puissant Jumo 109-004C, développant 1015 kgp, qui offrait un gain de surcharge d'environ 1200 kg et avec lequel on espérait atteindre 870 km/h. L'armement comprenait 2 canons MK 108 de 30 mm dans le fuselage (ou 2 canons MK 103) et 2 canons MG 151/20 de 20 mm à l'emplanture des ailes. La viabilité de la formule proposée par Focke Wulf pour son projet P-II paraît discutable et l'on comprend aisément que le RLM l'ait écartée. La conception compliquée de la voilure et la difficulté de manœuvrer l'avion à basse vitesse étaient deux défauts principaux de cet étrange chasseur mono-réacteur. L'inconvénient majeur était toutefois la localisation du train avant, placé juste devant l'ouverture de la prise d'air du réacteur, avec tous les risques de pannes-moteur que cela comportait. L'aspiration d'une impureté soulevée par la roue avant sur le tarmac pouvait à tout moment endommager gravement le réacteur, provoquer son extinction, voire déclencher un incendie ou une explosion. Un tel événement survenant à l'atterrissage, lors de la phase de décélération rapide, ou pire encore au décollage, avait toutes les chances de provoquer le crash de l'appareil et la mort du pilote. Sans parler du risque d'embrasement ou d'explosion du réacteur en cas d'atterrissage d'urgence sur le ventre. Il n'est donc pas étonnant que le RLM n'ait pas donné suite au projet. Fiche technique
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