[s32] Le fort du Sapey
En 1871, le tunnel ferroviaire transalpin du Fréjus ouvre la voie vers l’Italie. Les Italiens en protègent l’entrée sud par le fort de Bramafan, au-dessus de Bardonnèche. Dans l’hypothèse d’un conflit avec l’Italie, la maîtrise du tunnel de Fréjus et de la place de Modane s’avère fondamentale pour l’armée française. La France décide donc de garantir Modane par un puissant barrage type Séré de Rivières (1885 – 1893) destiné à verrouiller la sortie nord du tunnel et à barrer la vallée de la Maurienne. Un fort d’interdiction, celui du Replaton, est implanté en fond de vallée, face à la gare et au débouché du tunnel qu’il prend en enfilade. Il est dominé par le fort de protection du Sapey, installé sur les hauteurs du versant droit de la vallée, qui domine toute la cuvette. A peine achevés, les deux ouvrages sont rendus caducs par l’invention de la mélinite et de l’obus torpille. Les obus de nouvelle génération se révèlent capables de percer tout ce qui a été conçu jusque là en matière de protection et de fortification. Les voûtes en pierres de taille doublées de matelas de terre des Forts Séré de Rivière de première génération ne résistent pas à ces nouveaux types de projectiles. Pour tenter de sauver malgré tout les ouvrages existants, les Français recourent alors à un nouveau matériau qui commence à se généraliser : le béton. Les dessus des casernes et des installations vitales (abris, traverses, etc.) sont ainsi systématiquement revêtues d’une carapace de béton, dans le vain espoir d’en renforcer la résistance. Le fort du Sapey est un bon exemple de cette tentative d’adaptation et de la première utilisation du béton dans la fortification. L’ouvrage est aujourd’hui à l’abandon. Nous l’avons visité dans le cadre d’Alpyfort durant l’arrière automne 2005, par une température de – 5° C et juste après un brouillard givrant. Le paysage était quelque peu fantomatique dans ce petit matin noyé de brouillard...
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