Le carrefour stratégique de Martigny

Au sein du dispositif fortifié établi dans le Bas-Valais, la ville de Martigny avait une importance stratégique aussi grande que le défilé du verrou de Saint-Maurice.

Martigny est en effet située au coude de la haute vallée du Rhône. A cet endroit, le fleuve qui s’écoulait vers le sud-ouest depuis sa source (Glacier du Rhône) change brutalement de direction et bifurque à angle droit vers le nord-ouest, en direction du Lac Léman.
Ce changement de direction s’explique par la présence des roches plus dures du Massif du Mont-Blanc qui ont fait obstacle à l’écoulement du cours d’eau, l’obligeant à se détourner vers le nord pour se frayer difficilement un passage et émerger des Alpes par le verrou étroit de Saint-Maurice, gigantesque portail encadré par les Dents du Midis et les Dents de Morcles.

Martigny constitue, de ce fait, un carrefour stratégique de première importance pour la défense du Valais et du Réduit national alpin. De Martigny, on peut en effet rayonner vers les 4 points cardinaux:

  • au nord, par le défilé de Saint-Maurice et la plaine du Chablais, en direction du Plateau suisse, du Nord-Est de la France et de l’Allemagne, via la vallée du Rhin.
  • à l’ouest, par les cols de La Forclaz (1527 m) et des Montets (1420 m), en direction de la vallée de Chamonix, de la Haute-Savoie et de la basse vallée du Rhône, via Lyon et Chambéry.
  • au sud, par le Col du Grand-Saint-Bernard (2473 m), en direction de la Vallée d’Aoste,du Piémont, de la plaine du Pô et de l’Italie du nord (Piémont), vers la Méditerranée ou Rome.
  • à l’est, en remontant le Valais et en franchissant le Col de la Furka (2450 m), vers la Suisse centrale et le massif du Gothard, pivot central de la défense nationale et du Réduit alpin, ou par le Col du Simplon (2008 m) en direction de Milan, de la Lombardier et de la partie orientale de la plaine padane.

Les Romains l’avaient déjà compris et avaient implantés au coude du Rhône la capitale de la province des Alpes pennines, Forum Claudii Vallensium (“marché de Claude des habitants de la vallée”). Cette ville gallo-romaine prospère faisait office de tête d’étape au débouché nord du Summus Penninus (actuel Col du Grand-Saint-Bernard), sur cet axe transalpin qui drainait à la fois le trafic commercial entre l’Italie et la  Gaule de l’Est et la Germanie, ainsi que le trafic militaire lié au stationnement des légions sur la frontière de la Germanie.
Plus tard, au Moyen-Âge, les Princes-Evêques de Sion y bâtirent une puissante forteresse, le château de La Bâtiaz, afin de matérialiser leur pouvoir et leur contrôle sur le coude de la vallée du Rhône face aux ambitions territoriales du Comté de Savoie.

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