Le nœud de communication de Brigue : un carrefour stratégique intra-alpin

La ville de Brigue (alt. 713 m) est située dans le Haut-Valais, dans la partie supérieure et germanophone de la haute vallée du Rhône, au pied de la rampe nord du col du Simplon (alt. 2005 m), rendu carrossable en 1804 sur ordre de Napoléon pour faciliter ses liaisons avec l’Italie.

Reculée en fond de vallée jusqu’au 19ème siècle, la modeste bourgade a acquis le statut de nœud routier avec la construction successive des routes du col de la Furka (alt. 2432 m), inaugurée en 1861, puis du col du Grimsel (alt. 2165 m), ouverte en 1894, reliant respectivement le Valais aux cantons d’Uri et de Berne.

Son importance en tant que nœud de communications s’est considérablement accrue avec l’arrivée du chemin de fer de la ligne du Valais en 1878, puis avec le percement de plusieurs transversales ferroviaires permettant de franchir rapidement la barrière des Alpes : ouverture du tunnel de base du Simplon sous les Alpes valaisanne en 1906, prolongé par celui du Lötschberg sous les Alpes bernoises en 1913. Ainsi est apparue une nouvelle transversale alpine nord-sud reliant directement l’Italie à l’Europe septentrionale. Elle fut complétée, en 1916, par la création de la ligne ferroviaire Brigue – Furka – Oberalp – Disentis assurant une liaison est-ouest entre le Valais et les Grisons à travers le massif du Gothard et le canton d’Uri.

L’importance stratégique de Brigue s’est confirmée dans la seconde moitié du 20ème siècle avec l’inauguration de la route carrossable du Col du Nufenen (alt. 2469 m), reliant depuis 1969 le Valais au canton du Tessin, et avec le percement du tunnel de base de la Furka, qui assure depuis 1982 une liaison ferroviaire permanente avec le canton d’Uri, la Suisse centrale et les Grisons, à travers le massif du Gothard.

De Brigue, un envahisseur potentiel peut donc progresser dans quatre directions opposées correspondant aux 4 points cardinaux :

VERS LE NORD
en direction de Thun et de Bern, par le tunnel ferroviaire du Lötschberg percé sous la chaîne des Alpes bernoises, qui permet de gagner l’Oberland (partie intégrante du réduit alpin) et de déboucher rapidement sur le Plateau suisse pour bifurquer ensuite soit vers l’Allemagne ou la vallée du Rhin, soit vers la France (Jura, Franche-Comté) ou la Suisse occidentale (Fribourg, Lausanne, Genève).

VERS LE SUD
en direction de l’Italie, en empruntant le col carrossable du Simplon ou le tunnel ferroviaire de base percé sous les Alpes valaisannes, pour gagner le Val d’Ossola (Domodossola) et déboucher rapidement sur les grands centres urbains et industriels de la plaine du Pô (Milan, Novare, Turin).

VERS L’OUEST
en descendant la vallée du Rhône en direction du Bas-Valais, pour bifurquer à Martigny vers l’Italie ou la France (cols du Gd-St-Bernard et de La Forclaz), ou franchir le défilé de Saint-Maurice pour gagner le bassin lémanique par la rive suisse (Lausanne, Genève) ou française du lac (Evian – Thonon).

VERS L’EST
en remontant le cours du Rhône jusqu’à sa source pour franchir soit le col du Nufenen conduisant vers le sud, en direction du Tessin et de la Suisse italienne ; soit le col du Grimsel conduisant vers le nord, en direction de Berne et du Plateau suisse ; soit le col ou le tunnel ferroviaire de la Furka en direction de l’est, pour gagner le massif du Gothard, la Suisse centrale ou encore les Grisons.